Quand partir, avec quel bateau, quelle préparation :

La décision de partir 8 mois en mer à barouder le long des côtes demande quand même un peu de réflexion... quid de nos jobs, de nos ambitions professionnelles, de nos économies, de nos amis et familles... bref mieux vaut préparer tout ça.
La naissance du projet : nous avons mis du temps à prendre la décision, nous avons en effet commencé à réfléchir au cours de l'été 2003 à l'idée d'une ballade en Méditerranée de plusieurs mois, pour Virginie il s'agissait surtout à l'époque de valider sont "adéquation" avec le bateau en croisière. Télémaque : annonces dans les revues, expérience nautique, Internet... tout est bon pour trouver l'oiseau rare. En fait nous ne voulons pas vraiment d'un bateau de grand voyage, pour plusieurs raisons : l'objectif c'est la Méditerranée, rien que la Méditerranée, donc pas besoin d'un coffre-fort en acier capable de couper un iceberg en deux... par ailleurs nous savons qu'il sera difficile de garder notre "yacht" au retour, de nouveaux projets accapareront le budget c'est sûr... !!! Donc au final les critères de choix sont outre la sécurité (un voilier sain et réputé), la facilité de manœuvre à deux (faut savoir de quoi on n'est pas capable !!!), un bon moulin pour avancer dans la pétole et affronter la mer courte et la facilité à la revente... le tout saupoudré d'une bonne dizaine d'heures pour trouver un organisme de financement. Tout ceci nous amène à choisir un First 35.7 du chantier Bénéteau sur lequel vous saurez tout en lisant la page "Télémaque". Le bateau sera en fait acheté en deux temps ; négociation et signature d'une "promesse de vente", puis achat quelques mois plus tard. Le bateau répond à nos attentes et il faut l'avouer, nous avons un "coup de cœur"...
Le TDM au quotidien : la décision d'acheter prise, on l'a dit, tout change... il faut d'abord peaufiner son budget et commencer à manger des pâtes, voir la partie budget plus bas. Il faut aussi se fixer un planning des tâches à accomplir, certaines vont vite (achat de matériel neuf), d'autres prennent du temps (recherche d'occasions, bricolage et préparation du matériel, entraînement, apprentissage et surtout administratif...). Nous détaillons un peu tout ça ci-dessous pour ceux qui sont encore motivés...

Budget :

Sans donner tous les détails, il faut être réaliste, en particulier au moment de l'achat du bateau. Le pire étant de se payer un yacht et de rentrer fauché au bout d'un mois... on peut faire le TDM sur un Muscadet et s'éclater, tout dépend des ressources et du budget qu'on accepte d'y consacrer. En ce qui nous concerne, on avait un petit apport mais surtout aucun emprunt sur le dos, ce qui nous a permis de faire financer le bateau en sortant le minimum de cash (20 % du montant total). Les mensualités sont acceptables aussi mais il faut faire des coupes sombres dans notre vie de parisien "bobo" ! En deux mots, les postes à budgéter sont ;
Impôts : il faut provisionner... L'inspecteur des impôts peut aider parfois mais on nous a clairement refusé tout re-échelonnement de nos mensualités. Bref, prendre sa petite calculette et savoir de combien on aura besoin. Ne pas oublier la taxe d'habitation... eh oui !!!
Couverture Médicale et Mutuelles : la sécurité sociale nous couvre pendant une année complète après avoir quitté l'école, donc muni du formulaire E111 on peut recevoir des soins sans payer la part SS dans la communauté européenne. Pour le reste nous avons choisi de prendre un contrat basique auprès de nos mutuelles respectives afin d'assurer le coup en cas de rapatriement sanitaire en France. Le rapatriement est bien souvent compris dans pas mal de polices d'assurances (carte bleue, assurance du bateau...), il faut quand même lire les lignes en petit...
Coûts d'achat d'un voilier : prendre en considération l'expertise (elle est souvent demandée par les organismes de financement ou assurances et coûte 500 à 600 Euros pour un voilier de 11 m), grutage(s) (qq. centaines d'Euros), apport initial (souvent 20 %) et une réserve de sécurité pour les premiers achats que vous ferez. Évidement la grosse partie c'est l'achat du bateau lui-même. Si comme nous vous n'avez pas encore gagné au Loto et attendant que ça arrive,  vous apporterez une partie, votre banque le reste.
Coûts de fonctionnement du voilier (avant le départ mais aussi pendant le voyage) : redevances annuelles (la VHF est gratuite mais pour combien de temps... ?), place annuelle de port, assurances, entretien courant...
Formation : nous avons choisi les formations suivantes : Certificat Restreint de Radiotéléphoniste, plongée niveau 1. A chacun de savoir ce dont il a besoin et ce qu'il veut faire mais dans tous les cas il faut compter tout cela dans le budget.
Équipement complémentaire en vue du départ : nous avons procédé de la façon suivante : avant tout un inventaire détaillé de tout ce qui existe à bord, puis préparation de l'inventaire souhaité pour le départ (au départ on avait ajouté radar, éolienne... et plein de cadeaux de noël que l'on ne s'est finalement pas offerts !). Il vaut mieux être exhaustif au début, il y a plein de petites choses (pas toujours chères) qui rendent la vie simple et agréable en croisière auxquelles on ne pense pas toujours - visiter les sites Internet, discuter et bouquiner des catalogues... Quelques exemples en vrac : l'aérateur de cabine pour les fortes chaleurs, la griffe de mouillage pour dormir tranquille, le thermomètre pour ajuster le frigo et économiser les batteries... Ne pas oublier les pièces détachées, c'est frustrant de perdre une semaine dans une marina moche en attendant une pièce venue de France. Puis il ne reste (plus) qu'à dénicher tout cela, neuf ou d'occasion. Nous avons beaucoup acheté d'occasion, pas toujours avec succès d'ailleurs... !!!
Communications : cartes téléphoniques, GSM, satellite... Quelle que soit la solution choisie il faut se donner des limites. De plus en plus de voiliers s'équipent en solution nomade pour avoir un accès téléphonique mais aussi mail et parfois Internet, ça coûte des minutes tout ça... Pour nous, le budget initial consiste en l'achat d'un chargeur de batteries allume-cigare et un kit de connexion Fax/data pour le téléphone Thuraya. Le reste, c'est purement de la communication (entre 0,8 et 1,22 Euro la minute). On vous dira dans le bilan comment on s'en est sorti... !
Budget mensuel en route : au départ on s'était donné 1000 Euros par mois pour deux, tout compris et hors gros travaux en cas de pépin. Suite aux conseils avisés de pas mal de copains (souvenez-vous d'une soirée à Port Manech au coin du feu...) on a augmenté le budget à 1500 Euros. Il est vrai que le budget initial venait de tourdumondistes qui avaient visité des endroit moins chers (ports, alimentation...) que le bassin Méditerranéen. Par ailleurs nous avons une part du budget consacrée au tourisme (accès aux sites...). On verra ce que ça donne !!!
Divers : déménagement, garde-meuble, tout cela aussi doit être prévu.
Provision au cas ou... : en avoir ou pas ??? On a préféré garder des sous de côté pour pouvoir débloquer une situation de crise (démâtage, avance sur remboursement d'assurance, urgence médicale...), provision qui sera de toute façon la bienvenue au retour... D'autres préféreront se dire que le budget mensuel doit comporter une somme... chacun fait comme il entend mais il faut y songer.

Au final, après avoir pas mal suivi nos dépenses, voici ce que ça donne ;
1/ Achat du bateau, frais financiers, expertise... : 46 % du budget total.
2/ Vie courante pendant le voyage : 17 %.
3/ Équipement du bateau (spécifiques projet TDM) : 10 %.
4/ Entretien courant du bateau pendant 2 ans : 9 %.
5/ Impôts et taxes : 8 %.
6/ Frais de port (1 an / hors voyage) : 5 %.
7/ Assurances (bateau et personnes) : 3 %.
8/ Déménagement : 2 %.
9/ Formations : 1 %.
Le reste est inférieur à 1 %.

Que faire de son appartement, de ses meubles :

Chacun ses problèmes et chacun ses solutions. Nous on était en location à Paris alors on a donné notre préavis ne pouvant sous-louer l'appart. pendant 8 mois. Les meubles sont chez Shurgard en banlieue parisienne, pour un coût d'environ 130 Euros par mois. On n'a pas trouvé de meilleure solution sauf pour le super ensemble home cinéma Panasonic dont tout le monde voulait bien... !!!! Pour bouger les meubles pas de problème, on a de bons copains !

Assurance :

Le Salon Nautique est un bon endroit pour faire le tour et prendre des contacts. Un seul mot d'ordre : faire jouer la concurrence, mais attention : il faut quand même être assez compétent pour savoir lire entre les lignes, et comme c'est pas notre cas on a du se faire aider. Pour la Méditerranée en général pas de problèmes, si l'on ne franchit pas le Bosphore ni le canal de Suez on est couvert par un contrat classique dans la majorité des cas. Par contre la valeur du bateau doit être bien ajustée, la franchise aussi ainsi que tous les "petits" à côtés importants comme les effets personnels... 
Nous avons choisi la Matmut (pub gratos), en particulier à cause du tarif mais aussi d'autres conditions qui nous paraissaient intéressantes.
Ensuite nous avons fait un maximum de photos (le numérique ça coûte rien), gravées sur un CD-Rom (pour tout ce qui est acheté d'occasion on n'a pas trouvé mieux) et gardé des doubles de toutes les factures d'achats relatifs au bateau. Maintenant reste plus qu'à croiser les doigts...

Moyens de paiement :

Question délicate mais importante, quels moyens de paiement, combien coûtent les retraits... ???
D'emblée la carte Visa semble un "must" : c'est un moyen de paiement à peu près universel, facile à obtenir et l'option Premier procure certaines assurances intéressantes. Nous choisissons donc d'emporter plusieurs cartes et de répartir nos économies sur plusieurs comptes pour limiter les risques en cas de perte où vol.
Pour l'argent liquide, il faut évidement une caisse de bord mais là aussi combien ? Et bien tout dépend du budget journalier, il faut pouvoir payer les dépenses de tous les jours pour éviter les frais Visa en payant par carte, donc retirer régulièrement des sommes importantes.
Nous n'avons pas eu le temps d'étudier l'option travellers chèques mais dans la zone Euro il ne nous a pas semblé crucial d'en avoir.
Enfin, concernant les devises nous n'utilisons que l'Euro, en pensant quand même approvisionner quelques dollars avant d'arriver au Liban et en Syrie.

Divers :

Au cas où... : nous avons laissé à terre des copies de tous nos papiers officiels et documents du bateau.